Bâtir une entreprise jeune : entre regards, doutes et ambition

Rose Frechette-Jobin
Bâtir une entreprise jeune : entre regards, doutes et ambition.

 

Je ne viens pas d’une famille en affaires. Je n’avais pas de plan tout fait, pas de contact en poche, pas de mentor qui me disait quoi faire. Ce que j’avais, c’était une idée claire dans ma tête : je voulais me lancer. Pas dans cinq ans, pas quand tout serait parfait.  Le 1ᵉʳ août 2022, j’ai enregistré mon entreprise. C’était simple, même un peu banal : quelques clics, une confirmation en ligne… et ça a commencé. Je savais pas exactement comment ça allait aller. Mais je savais que je voulais y aller. Puis j’étais prête à apprendre sur le terrain.

Depuis ce temps-là, ça avance. Parfois vite, parfois moins vite. Mais toujours avec la même intention : bâtir une entreprise qui me ressemble, qui respecte mes valeurs, puis où je peux vraiment être moi.

 

Gagner la confiance, même quand tu ne corresponds pas à l’image attendue.

 

Il y a encore des gens qui arrivent dans mon bureau, surtout des clients plus âgés, puis je sens tout de suite qu’ils sont un peu surpris. Ils sont habitués à un certain type de comptable : quelqu’un de plus vieux, plus traditionnel, avec une prestance plus… formelle. Et là, ils me voient. Une jeune femme, à son compte, posée mais directe.

Ça paraît dans leur regard. Ils ne me disent pas toujours quelque chose tout de suite, mais parfois oui :
« C’est toi, la comptable ? »
Oui, c’est moi. Rose.

On en rit maintenant, mais au début, c’était confrontant. Parce que c’est pas évident de sentir que t’as à prouver ta place, juste à cause de ton âge ou de ton visage. Pourtant, c’est une réalité. Au lieu de le prendre mal, j’ai appris à le voir comme un défi à relever.
Ce que je fais, c’est simple : je reste moi-même. J’écoute, j’explique, je livre du travail solide, puis j’assure le suivi. Et tranquillement, la perception change. Le respect s’installe. Puis on finit par avoir une belle relation, basée sur la confiance et pas juste sur une image.

 

Être jeune, c’est aussi une force.

 

J’ai souvent eu l’impression que le fait d’être jeune jouait contre moi. Que les gens me voyaient arriver puis se demandaient si j’allais être assez solide. Mais avec le temps, j’ai fini par voir ce côté-là autrement.

Quand t’es jeune, t’es encore dans une zone où t’as pas peur de poser des questions, de revoir tes méthodes, de chercher à comprendre pour vrai. Tu te dis pas : “On fait ça comme ça depuis toujours.” Tu te demandes surtout : “Est-ce que ça marche ? Est-ce que ça fait du sens pour mes clients ?”

J’ai pas une façon unique de faire. Je suis encore en train de trouver ce qui me ressemble, ce qui fonctionne, ce que j’ai envie d’offrir. Puis j’aime ça. J’aime cette liberté-là d’essayer, d’écouter les commentaires, de m’ajuster. Pour moi, c’est pas un défaut d’être en apprentissage. Au contraire, c’est une des raisons pour lesquelles j’évolue vite.
Et honnêtement, je pense que ça paraît dans ma façon de travailler. Je suis pas là pour impressionner. Je suis là pour que ça fonctionne pour vrai. ✨

 

Ce que j’ai compris en bâtissant.

 

J’ai compris assez vite qu’il n’y aurait jamais de moment “parfait” pour se lancer. T’attends quoi, dans le fond ? D’avoir tout appris ? D’avoir de l’argent de côté ? D’être prête à 100 % ?

Mais être prête à quoi exactement, si c’est en avançant que tu découvres ce que ça prend ?

Ce que j’ai appris, c’est que la constance vaut mille fois plus que la perfection. Être là. Répondre. Suivre. Expliquer. Corriger si c’est pas clair. Revenir si quelque chose accroche. Pas faire semblant. Juste livrer du vrai. Ça, les clients le sentent.

J’ai aussi compris que mon âge, c’est pas un frein. C’est juste une donnée. Ce qui fait la différence, c’est comment je travaille, comment je traite les gens, comment je prends mes décisions. Et plus j’avance, plus je me fais confiance.

Je pense pas que je vais un jour avoir fini d’apprendre. Puis j’ai même pas envie que ça arrive. J’aime être dans cette zone où je bâtis, je structure, je réajuste, je rêve. Ça me garde éveillée. Et ça me garde vraie. 🌿

 

Et maintenant ?

Des fois je regarde tout ce que j’ai mis en place, et je me rends compte que c’est moi qui ai bâti ça. Pas en suivant une méthode, pas en copiant un modèle. En écoutant mon instinct. En tenant bon. En changeant ce qu’il fallait changer.

Je fais pas semblant d’avoir tout compris. Je suis encore en train de trouver ma façon. Mais j’avance. J’observe. Je m’ajuste. Puis surtout, je reste proche de ce que je suis.

Je pense que c’est ça qui fait que ça marche. C’est pas l’image. C’est pas le statut. C’est la personne que je deviens en le faisant, un jour à la fois.

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